Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le pavillon des séries
28 avril 2007

Dexter

untitled

"Ce soir, c'est le grand soir. Et ça va arriver, encore et encore... Il faut que ça arrive. Belle nuit. Miami est une ville formidable. J'adore la nourriture cubaine. Les sandwiches au porc. Mes préférés. Mais pour l'heure, j'ai faim d'autre chose. Le voilà..."

Bonjour étranger, bienvenu à Miami, Temple regorgeant de criminels prêts à tout pour tuer n’importe qui. L’homme qui narre humblement son histoire avec une prose étrangement poétique se prénomme Dexter, anti-héros charismatique d’une série américaine venant juste de débuter en septembre dernier, avec la première saison qui s’est terminée il y a peu de temps. Meilleure nouvelle série de la saison 2006-2007, avec une audience de plus de 1 million de téléspectateurs au premier épisode, il faut avouer que Dexter a de la gueule juste à voir son palmarès pour ses débuts en fanfare, et le public américain ne s’est pas trompé en la regardant.

Tirée du roman de Jeff Lindsay Ce cher Dexter l’histoire contée (merveilleusement) est celle d’un sociopathe tentant de simuler une normalité (voire banalité) tout en consommant son désir de meurtres. On a rarement vu plus alléchant comme synopsis, mais il n’y a pas que ça pour accrocher le spectateur, Ô que non...

"Frère, ami, petit ami, tous font partie de ma collection de déguisement"

Dexter Morgan, « honnête » citoyen de Miami, la trentaine, une petite amie, 12 ans de service et plus de 2.100 affaires à son actif, médecin légiste pour la police criminelle et amateur de sang. Jusque là, notre héros pourrait paraître un homme comme un autre.

Mais il existe en lui une autre facette, plus sombre, se réveillant la nuit, lorsque la soif de sang frais se fait sentir. Non pas que ce soit un vampire (merci, Buffy a fait le tour, on a pas besoin de ce genre d’artifices fantastiques, seul le réalisme malsain compte), mais un besoin incontrôlable de tuer, de dépecer les gens se fait sentir. Sous le masque d’une personne normale se cache un individu incapable d’éprouver le moindre sentiment, ayant des pulsions meurtrières se canalisant par la récolte de plaquettes de sang de ces différentes victimes, rituel indissociable accompagnant la mort de ces « amis ».

Monstre très soigné ne ratant jamais un bain de sang, comme il se plait à le dire, il a eu la chance d’être adopté par un policier qui découvrit rapidement à l’adolescence de son cher rejeton que ce dernier avait un besoin de saigner les autres. D’abord les animaux, ensuite un plus gros morceau. Et c’est grâce à cet homme que Dexter atteint une dimension de héros, car monsieur Morgan voyant que son fils ne peut se contrôler, décida d’en faire un justicier sombre, un tueur ne tuant que les criminels ayant échappé aux mailles du système judiciaire, pour la justice à ce qu’il parait... Et par la même occasion, il lui enseigna comment ne pas laisser de trace, ainsi Dexter peut mener une vie tranquille, enfin, c’est vite dit.

Car en plus de ces problèmes anormaux, Dexter doit affronter d’autres personnes, ses proches. Son père adoptif étant le seul au courant de ses pulsions, et ne voulant pas passer sur la chaise électrique, Dexter se cache derrière une multitude de masques comme il le dit lui-même, celui de grand frère avec Debra (la seule pour laquelle il éprouverait des sentiments s’il le pouvait), celui de petit ami avec Rita (femme aussi « abîmée » que lui, ex-épouse d’un junky violent en prison et mère de deux enfants qui adorent Dexter et dont le cœur de ce dernier pourrait fondre s’il en avait un) qu’il fréquente platoniquement depuis 6 mois, celui d’expert en sang comme les autres (au côté de ses collègues Angel et Masuka) qui affronte un supérieur, Doakes, seul homme a véritablement ressentir la nature profonde de Dexter.

Et ce sont surtout avec ces personnes que Dexter a un problème, devant la multitude d’émotions qu’il doit simuler pour se fondre dans la masse avec des masques plus que gênant. Mais, heureusement pour lui, durant tous les épisodes, il découvrira que tous les gens l’entourant sont toujours obligés de revêtir un masque un jour ou l’autre, à l’image de Angel qui prêtant aimer sa femme à « la pasión » alors qu’il en est séparé.

dexter_2

De gauche à droite: Rita la petite amie de Dexter, Angel et Doakes deux collègues, Dexter himself, Debra sa soeur, Paul l'ex mari de Rita et Laguerta son supérieure.

Le plus gros est cependant à venir, avec l’arrivée en ville de « l’Ice Truck Killer », fanatique du découpage artistique des prostituées, semblant s’intéresser de prêt à la véritable nature de Dexter.

"C’est un message amical, du genre : « Hé, tu veux jouer ? ». Et oui, je veux jouer. J’en ai très très envie. "

Un jeu du chat et de la souris peut alors commencer dans tout Miami, avec pour points de ralliement les différents crimes signés par « l’Ice Truck Killer », recelant de petits indices, seuls choses capables de faire ressentir de l’excitation à notre Dex’. Lui qui jusqu’alors menait une vie de coquille vide qui "flotte à la surface de sa propre vie" avec "l'impression de louper une pièce essentielle du puzzle humain" va avoir la fièvre d’un duel dont nous autre spectateurs auront aussi une réelle jubilation à le suivre.

"J'aime être sûr. Je le suis en général pour ces choses-là. "Sois préparé..." C'est ma devise. C'est mon point commun avec les Scouts. Bien sûr, il n'y aura pas de médaille du mérite pour l'excursion de ce soir".

Et si l’on se plait autant à suivre les pérégrinations d’un anti-héros comme lui, c’est avant tout grâce à deux pièges narratifs sur-utilisés ici : les flash back, remémorant les enseignements du père adoptifs sur la méthode à adopter pour « tuer tranquille », permettant de donner une autre dimension à Dexter qui nous montre autre visage, non masqué cet fois-ci, celui de la souffrance de résister à ces instincts primaires, et il nous apparaît alors comme sympathique, presque humain ; la voix-off de Dexter est sans doute le ressort narratif le plus utilisé, jusqu’à l’abus même (pas une scène n’en fait pas l’abstraction, et c’est tant mieux), Dex’ nous faisant part de ses impressions tout au long de cette chasse, nous invitant à partager sa folie, tout en faisant preuve d’un humour noir ravageur faisant souvent mouche.

dexter20

Dexter et le sang, une histoire d'amour...

Chose rare, cette série possède un esthétisme et une ambiance envoûtante, dans une ville de Miami où le rythme cubain se mélange souvent avec les "justes" exécutions de Dexter. Pas de rock, pas de métal, du jazz principalement mélange à une musique d’atmosphère morbide, et étrangement, on rarement vu aussi bien adapté.

De même, le générique de la série (visible à partir du deuxième épisode) est hypnotisant tellement il nous donne une vision de la préparation matinale de Dexter ramenant presque tout au sang et aux meurtres que le héros affectionne tant, presque dégoûtant mais aussi si banal qu’on ne peut qu’accrocher.

"Oui, ils me voient. Je suis l’un des leurs... dans leur pire cauchemards"

Publicité
Commentaires
Le pavillon des séries
Publicité
Derniers commentaires
Publicité